Culture / Militantisme et intimité
«En passant… chroniques et carnets», Anne-Catherine Menétrey-Savary, Editions d’en-bas & Editions Le Courrier, 184 pages.
Anne-Catherine Menétrey est ce qu’on appelle une «figure politique» de la gauche vaudoise. Elle a été députée du Parti Ouvrier Populaire (POP) au Grand Conseil vaudois de 1966 à 1980, députée Les Vert.es de 1999 à 2007. Elle a co-fondé, en 2010, l’association Infoprisons. C’est une militante. Son livre reprend une cinquantaine des chroniques qu’elle a publiées dans le quotidien Le Courrier. Elles sont sans surprise – ce n’est pas un reproche, juste un constat –, correspondant aux idées de leur autrice, à la ligne du journal dans lequel elles ont été publiées et aux attentes de ses lecteurs et de ses lectrices – là non plus, ce n’est pas un reproche. Entre les chroniques, il y a d’autres textes, des «fragments de documents écrits à diverses occasions ainsi que de courts extraits des "carnets" de l’auteure», et cela fait entrevoir une autre dimension que le militantisme de gauche. «L’engagement politique procède d’un élan pour la vie et le destin de la planète. Mais il est toujours accompagné d’un doute fondamental car la politique est aussi un éteignoir de passion.» «Mais que suis-je devenue? Une femme rigide et sévère? Studieuse, appliquée? Ce sont des qualificatifs qui me collent à la peau et ça, franchement, ça m’énerve. Ai-je vraiment perdu la fantaisie, la vivacité d’esprit, l’intelligence, l’humour? Oui, peut-être… Ce n’est pas une question d’âge mais simplement une insécurité intérieure qui s’appelle la trouille…» « Alors l’horreur de vieillir me rattrape avec force et j’en ai les larmes aux yeux.» Ces surgissements d’intimité troublent le discours politique et militant, le fissurent un peu et, comme disait Léonard Cohen, «il y a une fissure en toute chose; c’est ainsi qu’entre la lumière.»
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