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Orphée, personnage mythique, fils d’une muse et d’un roi, par les accents de sa lyre charmait et créait des liens avec les autres êtres vivants. L’exposition «Etre(s) ensemble», au Musée d’ethnographie de Genève (MEG) jusqu’au 7 janvier 2024, propose une rencontre avec quelques nouveaux Orphées.



Il s’agit de proches contemporains, qui avec l’attention qu’ils prêtent à des animaux ou à des végétaux, nous montrent des voies pour approfondir notre relation avec eux. Ces femmes et ces hommes nous indiquent aussi qu’«une meilleure version de nous-mêmes est possible».

L’exposition part du constat que dans de nombreuses cultures on regrette la disparition d’un «temps où la vie était heureuse», où les êtres vivaient réunis en «une et seule famille», et utilisaient le même langage. C’était le Paradis, l’Age d’or. Puis cette harmonie fut rompue et la vie devint dure. La lutte entre les êtres prit le dessus. Il y eut néanmoins des êtres exceptionnels qui savaient encore parler aux autres: Orphée, Salomon, Saint François.

Et de nos jours? Pour entrer en contact avec des non-humains il faut en être proche, les observer, expérimenter des manières d’échanger, se remettre en question. On voit alors qu’il ne faut pas aller loin pour trouver de nouveaux Orphées, et le MEG nous en fait découvrir quelques-uns. Le sautier de la République du Canton de Genève, secrétaire général du Grand Conseil, est le premier que nous rencontrons sur le chemin de l’exposition. Il observe de près le Marronnier officiel de Genève pour décréter la date d’éclosion de sa première feuille afin d’annoncer le début du printemps. Viennent ensuite un chasseur de truffes, une paysanne, un photographe, une apicultrice, une artiste peintre, … On pourrait croire que les relations avec leurs chien, vache, renards, abeilles, punaises, sont essentiellement utilitaires, ou même commerciales. Puis on se rend compte qu’il s’agit de relations passionnées entre individus. Ainsi la vache Souris de la race d’Hérens a été inséparable de l’éleveuse Marie-José, qui n’avait pas vraiment les moyens de la maintenir auprès d’elle. De son côté, le photographe et zoologiste Stefano s’est attaché tout particulièrement à une jeune renarde à la queue tordue, qu’il nomme Rourounette, et dont ses portraits montrent une grande complicité. La peintre Cornelia représente avec précision des spécimens d’insectes qu’elle traque et observe afin de nous faire sentir dans quelle mesure ils subissent par exemple les effets de radiations. 

L’exposition est très riche et vaut absolument le détour. Elle fait réfléchir, et on pourrait même dire qu’elle est militante dans sa volonté de contribuer à construire une meilleure manière d’être ensemble. En sortant on regrette seulement de ne pas pouvoir partir avec un catalogue, qui ne sera disponible qu’au mois de juillet.


«Etre(s) ensemble», Musée d'ethnographie de Genève, jusqu'au 7 janvier 2024.

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