Culture / Les derniers chasseurs-cueilleurs du Québec
«Aitnanipan, "C’est ainsi que nous vivions"», Serge Jauvin, Editions du Septentrion, 450 pages.
Jeune photographe originaire du Lac Saint-Jean, Serge Jauvin fait un long séjour, au début des années 1980, chez les Innus d’Unamen Shipu, une réserve où sont regroupés des membres d’un des peuples autochtones du Québec. Cette année, il la passe plus particulièrement dans la famille d’Hélène et de William-Mathieu Mark. C’est une époque charnière, les Innus sont en train de passer du nomadisme à la sédentarisation. Le livre de Serge Jauvin est fait de son journal d’alors, de nombreuses photos en noir et blanc et de témoignages de ses hôtes. C’est pour nous tout à la fois un voyage dans les forêts québécoises et dans le temps. Les Innus chassent et pêchent, cueillent des petits fruits, des plantes médicinales. Ils campent, construisent des canots, des traîneaux, des pièges, cousent leurs vêtements. Ils se rendent aussi dans les villes, jusqu’à Montréal, utilisent des radios pour communiquer, prennent l’hydravion pour rejoindre leurs territoires de chasse. Ils vont à la messe, mais aussi chez le chamane. Les Innus essaient d’empêcher l’installation de débits d’alcool dans la réserve, constatent que des entreprises défrichent la forêt pour s’y installer, regrettent que dans les écoles où vont leurs enfants, l’enseignement soit donné en français, pas dans leur langue. «Nous n’avons jamais possédé de territoire, dit William-Mathieu Mark. Le territoire est à tout le monde et tout le monde peut chasser là où il veut… (…) Nous, peuple innu, n’avons pas de gouvernement. Notre survie vient de la forêt et de nous-mêmes.» Cette vie que documente Serge Jauvin a aujourd’hui disparu, son témoignage n’en a que plus de valeur.
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