Culture / Le nouveau monde n’est pas pour les vieux humains
«Le Jour des silures», Aude Seigne, Daniel Vuataz, Anne-Sophie Subilia, Matthieu Ruf, Editions Zoé, 192 pages.
On se souvient sans doute du collectif AJAR, destiné à faire émerger une littérature collective, mouvante, et de Vivre près des tilleuls, le roman qui était né de la collaboration de plusieurs auteurs romands. Ici, le quatuor à l’œuvre a imaginé une ville – on reconnaît Genève – dans un futur proche. En plusieurs vagues, la montée des eaux a tout englouti; tout a disparu. Les survivants se sont installés dans des tours ultra modernes et ultra hautes qui surplombent les flots, on se déplace en barque ou en hydroglisseur. Toute une sociabilité s’est réorganisée, un réseau de solidarité aussi. Car la nouvelle présidente de la ville, la jeune Colombe, l’a promis: la décrue est proche, il faut se mettre au travail pour préparer le retour à la normale. Sauf qu’une menace plane. Des silures envahissent parfois la ville et emportent avec eux des enfants, qu’on ne retrouve jamais. Ces irruptions donnent lieu à des confinements, on se raconte alors des histoires, on tâche de passer le temps, bref, on connait désormais la chanson. Les deux plongeurs professionnels engagés par Colombe pour retrouver des plans de la ville, Salömon et Boris, font pourtant une découverte cruciale, qu’on ne dévoilera pas ici. Disons seulement que Le Jour des silures, et les silures eux-mêmes, ouvrent des perspectives étonnantes, passionnantes. Comment repenser l’organisation des villes menacées par les catastrophes? Que peut nous apprendre le choc des générations? Le monde tel que nous le connaissons est-il éternel? Sommes-nous véritablement les maîtres et possesseurs de la nature? Nos certitudes prennent l’eau, pour le meilleur.
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