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Culture / Le mal que l'on fait aux femmes


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«Les Fantômes de l’hystérie. Histoire d’une parole confisquée», Pauline Chanu, La Série Documentaire, France Culture, 4 épisodes de 58 minutes.



Sandrine Rousseau, Camille Claudel, Ségolène Royal, Colette, mais aussi récemment Amber Heard, l’ex compagne de Johnny Depp: «hystériques». Le stigmate fait florès. Cette série de podcasts revient sur l’histoire d’un concept visant à discréditer, enfermer et normaliser les femmes. Considérée depuis Hippocrate comme un «mal» par nature féminin («hystérie» vient de «utérus»), l’hystérie serait ainsi la féminité poussée à son paroxysme. Elle permet longtemps d’exclure les femmes du savoir et du pouvoir car, submergées en permanence par leurs seules fonctions biologiques, elles ne seraient pas dotées d’autant de raison que les hommes. Officiellement, parce qu’il ne renvoie à rien de scientifique, ce diagnostic a disparu des manuels dans les années 1970. On apprend, au travers de témoignages troublants, qu’il a toujours cours dans les faits. Epilepsie, douleurs neuropathiques, malaises inexpliqués... Si une patiente est en proie à d’étranges symptômes, elle sera cataloguée hystérique, c’est-à-dire... «chiante», et s’entendra dire «c’est dans votre tête». L’histoire de l’hystérie est aussi celle de la psychiatrie et de la psychanalyse, les patientes de Charcot et de Freud, et est intimement liée à la sexualité. Freud, s’apercevant que la majorité de ses patientes dénoncent des abus sexuels ou des viols. Les médecins du XIXème cherchant à traiter par le mariage les cas d’hystérie «virginale» ou par l’abstinence les nymphomanes. Discréditées, réifiées, peu ou pas écoutées; comme toujours il s'agit de prendre et de garder le contrôle sur le corps et le sexe des femmes.

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