Culture / La querelle des anciens et des modernes
«La Montée des périls», Marin de Viry, Editions du Rocher, 220 pages.
Marin de Viry n’est pas snob, il est aristocrate et parisien, ce qui fait une grande différence. Aussi s’adonne-t-il au plaisir de déplaire, comme le recommande Baudelaire. Ce roman pourra donc passer au premier abord comme une assez détestable (pour certains) bluette (trop) parisienne, la rencontre d’un écrivain désabusé de la rive gauche avec l’amour en la personne de la céleste Erika, idylle saupoudrée de séances de rédaction d’une revue chic, de déjeuners de sashimis et de décors de «pubs Guerlain», comme les deux héros le concèdent. Il y a bien plus. La proximité évidente avec Houellebecq, d’abord. Les initiés riront bien des piques et des sarcasmes, des personnages aux noms assez transparents, du talent «social» du romancier qui, certes, ne va que du boulevard Saint-Germain à l’Elysée, mais en rapporte des perles d’acuité misanthrope sur ses contemporains. Ensuite, la démonstration de ces «périls» qui montent, et que l’on pourrait résumer en traçant une énième ligne de fracture française: d’un côté le monde des consultants, de la start-up nation, des êtres rapaces et déracinés, de l’autre, le sang bleu des esthètes, des artistes, des désintéressés, de l’art pour l’art et de la beauté pour la beauté. L’enlaidissement et l’épuisement des esprits, voilà ce qui gronde fort. Bien sûr, Marin de Viry n’a aucune solution à proposer, là est la solution.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire