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Culture

Culture / La dialectique de l’amour

Patrick Morier-Genoud

29 septembre 2023

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«Lamento», Madame Nielsen, Les Editions Noir sur Blanc, 192 pages.



Au même titre que les religions et les idéologies, l’amour est un concept flou qui demande avant tout qu’on y croie sans trop se poser de questions, qu’on y croie de manière plutôt absolue. A partir de là, on invente tout un décorum, toute une métaphysique. Lamento parle de l’amour qui arrive en coup de foudre, comme une évidence, puis analyse ce qu’il devient avec le temps, comment il se transforme. Vingt ans après la fin de son mariage, une femme raconte à sa fille l’histoire de l’amour qu’elle a vécu avec le père de celle-ci. «L’amour est simple. C’est comme respirer. Comme écouter. Comme se retourner dans son sommeil. Comme espérer sans avoir besoin de croire.» C’est ce qu’elle dit au début. Entre elle et l’homme qu’elle aime, cela ne reste pas simple, bien sûr. Parce que l’amour est une relation et que c’est donc dialectique; l’amour contient toujours son contraire. «La vérité n’existe pas en dehors du temps, seulement dans l’instant, et dans l’instant c’était vrai, je le crois, il y croyait vraiment.» Des émois du début – «espérer sans avoir besoin d’y croire» – à l’espérance désespérée de la fin – «il y croyait vraiment» – il y a un chant. Ici, c’est un lamento, une plainte, et c’est assez beau. Il n’y a sans doute pas de vérité propre à l’amour. C’est quelque chose entre les êtres, c’est saisissable mais cela ne se domestique que dans le négatif.

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