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Culture

Culture / Deux destinées darbystes

Yves Tenret

20 décembre 2024

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«Un jardin sans clôture», Jean Prod'hom, Editions Labor et Fides, 152 pages.



Est-il possible de concevoir une collectivité humaine qui lie sans enfermer? Les darbystes ne sont pas prisonniers de leur communauté nous apprend l’auteur qui sait de quoi il parle puisqu’il en fut. Ils peuvent dire Je, faire entendre une idée ou signifier un désaccord. Le retour de Jean Prod’hom sur le darbysme confronte les pratiques et le caractère de son fondateur John Nelson Darby à la fantasque personnalité d’un pasteur de l'Eglise évangélique vaudoise, Alexis Muston. L’un, sombre prêcheur dogmatique, dit la loi, s’occupe de pouvoir, représente l’ordre; l’autre, en quête de grâce, vagabonde et fuit tout cela en bondissant de sentier en chemin. Pour Darby, les croyants ne peuvent ni ne doivent s'organiser en Eglise et les pasteurs doivent renoncer à leurs titres, il n’est nul besoin d'une organisation pour se réunir entre chrétiens, nul besoin de l'ordination, chaque croyant est prêtre mais ce moment anarchiste se métamorphose en machine à exclure et ne sera plus que débats et affrontements autour du pouvoir. Alexis Muston, Vaudois des vallées piémontaises, vit l’exil comme quelqu’un qui se sent partout chez lui sans être nulle part chez soi. Nous avons donc là deux destinées qui s’opposent. La première, pour préserver la pureté de sa communauté religieuse, la fantasme en forteresse. La seconde, fuyant tout enfermement, mène une vie tout en éloge des détours, de la marche, des sentiers à l’écarts. La remise à zéro de Darby pour bâtir une nouvelle communauté d’appelés ayant conduit à la guerre de tous contre tous, l'auteur opte pour le jardin sans clôture de Muston. Ok. Mais son livre n’aurait-il pas gagné à être moins linéaire et appliqué, plus épiphanique et dansant?

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