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Culture

Culture / Grande fatigue

Marie Céhère

16 juillet 2021

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«Histoire de la fatigue. Du Moyen Age à nos jours», Georges Vigarello, Editions du Seuil, 480 pages.



C’est l’une des seules plaintes socialement acceptables. A la question «comment ça va?», vous pouvez répondre, «je suis fatigué», on ne vous en voudra pas. Avec son art consommé du récit des petites choses vers la grande histoire, Georges Vigarello s’est lancé dans la micro-histoire de la fatigue. On y explore des champs denses et vastes, depuis l’effacement modeste du «moi» jusqu’aux extensions médicales, psychiatriques, sociales, morales, économiques et politiques, du domaine de la fatigue. Il y a en effet la «bonne», celle de Stakhanov, qui suit une journée de travail productive ou une séance de sport. Il y a la «mauvaise», celle qui nous rend coupable de nous réveiller avec l’envie de retourner au lit. Il y a la fatigue pathologique, et celle dont on dénie à l’épuisé(e) le droit même de la ressentir. Au milieu, s'entrelacent l'ennui, l'épuisement, la lassitude, l'aphanisis. D’un objet neutre et blanc, Vigarello tisse un réseau de sens et de réflexions avec pédagogie et style. Cet exercice accompli de sciences sociales est bienvenu, au seuil d’un été que nous attendions tous, fatigués...

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