Culture / Grand amour et drôles de guerres
«Je pense à votre destin. André Malraux et Josette Clotis, 1933-1944», Françoise Theillou, Editions Grasset, 222 pages.
Je pense à votre destin, le récit des amours contrariées entre André Malraux et la jeune romancière Josette Clotis s’inscrit dans la veine des romances entre grands personnages sur fond de montée inexorable du fascisme belliqueux en Europe. On avait vu le très discutable Je ne rêve que de vous (2019) à l’écran, autour de Léon Blum et Jeanne Reichenbach, il est à espérer que ce récit pourtant pointu et bien informé de Françoise Theillou ne soit pas transposé au cinéma. Emouvante à bien des égards, la liaison entre Malraux et Clotis, qui donnera le jour à deux enfants nés dans le chaos de l’Occupation, laisse pourtant un sentiment amer, pas seulement par la fin tragique de Josette. Celle-ci y apparaît en effet davantage comme un «obstacle» aux aspirations à la grandeur de Malraux, que ce soit lors de son aventure espagnole ou dans son engagement tardif dans la Résistance. Isolée, jalouse de Clara Malraux, l’épouse légitime dont Josette exige que son André divorce en pleine décennie 1940 alors qu’elle est juive, récriminante et peu inspirée par la politique, qu’est-ce que cette maîtresse pour le quelque peu misogyne Malraux sinon un inconvénient quelquefois agréable? Si elle fut la grande femme dans l’ombre du grand homme, ce livre, en dépit des annexes donnant à lire des extraits des carnets de Josette Clotis et à entrevoir son talent, ne lui rend pas vraiment justice.
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