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Culture / Deux utopies atomiques


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«Plutopia. Une histoire des premières villes atomiques», Kate Brown, traduit de l’anglais par Cédric Weiss, Editions Actes Sud, 464 pages.



Deux villes construites au milieu de nulle part. L’une aux Etats-Unis, l’autre en Union soviétique. A l’image des deux blocs qui s’affrontent lors de la guerre froide, ces deux utopies atomiques se font face; elles fournissent toutes deux en plutonium l’armement nucléaire des deux pays. L’historienne américaine Kate Brown raconte cette histoire en miroir, aussi fascinante qu’effrayante. Après la chute de l'URSS, les «villes fermées» ont été un peu documentées: des communautés autarciques, des lieux tenus secrets, entourés de barbelés et surveillés par des gardes, dans lesquels scientifiques, ouvriers, industriels parvenaient tout de même à poursuivre leur vie de famille. Oppressant environnement, éloigné de tout. Photographies à l’appui, Kate Brown retrace l’histoire de ces utopies (littéralement «en aucun lieu», qui n’existent sur aucune carte). Elle mêle l’épluchage des archives et l’enquête de terrain. Elle explique comment la course à l’armement passe avant tout, dans les deux régimes pourtant en tout opposés: les Américains restreignent grandement les libertés chéries, quand les Soviétiques cèdent aux sirènes de l’american way of life, pourvu que les habitants des villes secrètes produisent des résultats. Les armes passent aussi avant les vies humaines. Les accidents sont fréquents, d’un côté comme de l’autre; les employés du complexe nucléaire sont donc interchangeables. La dangerosité du plutonium, les conséquences sur la santé et l’environnement de la radioactivité? De très, très confidentiels secrets d’Etat. Rien ne doit ralentir la marche vers l’anéantissement potentiel.

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