Culture

Il y a plusieurs sortes de dessinateurs de presse. Il y en a qui aiment faire rire, d’autres qui se prennent très au sérieux. Beaucoup sont peu ou prou moralisateurs, presque tous sont manichéens: «Voilà le bien, voilà le mal, ici les gentils, là les méchants». Willem, lui, est un provocateur. A 81 ans, il est un des derniers – le dernier? – pionniers vivant d’Hara-Kiri et de Charlie Hebdo. Hollandais, il participe au mouvement libertaire provo dans les années 60 et fonde un journal satirique saisi pour avoir représenté la reine des Pays-Bas en prostituée. En mai 68, il est à Paris et dessine pour L’Enragé, un journal anarchiste, puis, on l’a dit, pour Hara-Kiri et Charlie. Et, à partir de 1981, pour Libération. Depuis 2011, il collabore aussi à Siné Mensuel, le formidable journal satirique fondé par Siné (1928-2016). Willem n’est pas un donneur de leçons mais il est cruel avec les puissants, sans concession. Aujourd’hui, il a pris sa retraite de Libération et de Charlie-Hebdo et Les Requins Marteaux publient une compilation de dessins parus dans ces deux journaux en 2020 et 2021. C’est très méchant et ça fait du bien par où ça passe.