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Culture / De quoi et de qui le major Davel est-il le héros?

Patrick Morier-Genoud

16 septembre 2022

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«Le major Davel, 1670-1723», numéro spécial, Passé Simple, 46 pages.



Le samedi 24 avril 1723, le bourreau venu de Moudon tranche la tête du major Davel, condamné par «le tribunal des causes criminelles, constitué de nobles citoyens et bourgeois habitant la rue de Bourg à Lausanne.» L’édition du mois de septembre de la formidable revue Passé Simple est entièrement consacrée à Jean Daniel Abraham Davel, major consacré héros vaudois au milieu du XIXème siècle. Tout y est, de la marche de Davel et de ses troupes sur Lausanne au processus d’héroïsation de cet acte de rébellion patriotique, en passant par les origines lombardes de Davel, par la moustache qu’il n’avait sans doute pas et sa carrière de mercenaire. A la fin du numéro, un intéressant débat oppose l’ancien député vert Raphaël Mahaim et le président de la Ligue vaudoise, Félicien Monnier. Faut-il ou non réhabiliter le major Davel? Les arguments sont des deux côtés moraux, voir moralisateurs. Pour Raphaël Mahaim, «le major Davel a mis à la sauce vaudoise la résistance morale d’Antigone face à Créon, éclairé d’un jour nouveau la tension entre le bien et le juste, incarné le sursaut des personnes opprimées face à celles qui oppressent.» Pour Félicien Monnier, «le dire innocent, ou invoquer spécieusement des concepts juridiques actuels, est juridiquement absurde et historiquement faux. Cela revient en outre à délégitimer les autorités lausannoises de l’époque. (…) Par ricochet, cela affaiblit la légitimité de nos autorités actuelles.» Alors, Davel, Che Guevarra lémanique ou honorable officier chrétien mystique? A vous de voir…   

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