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Culture / De l’Inde des castes à l’Inde des classes


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«Delhi crime, saison 2», Tanuj Chopra, 5 épisodes à voir sur Netflix.



Pour bien comprendre ce qui est en jeu avec la série Delhi Crime, il faudrait avoir en tête le roman L’équilibre du monde, de l’écrivain indo-canadien Rohinton Mistry. Mais on peut faire sans. La première saison de la série indienne a été diffusée par Netflix en 2019. Elle traitait du viol collectif particulièrement atroce, en 2012, d’une étudiante dans un autobus de New Delhi. L’enquête mise en scène dans la série était l’occasion d’effleurer la problématique du viol en Inde. Le point de vue n’est en rien bollywoodien, c’est celui de la classe moyenne supérieure indienne, laquelle est cours de mondialisation. La deuxième saison, elle, fait le récit d’une enquête suite à une série de cambriolages dans les quartiers aisés, chez de vieilles personnes qui sont assassinées à coups de marteau. Un procédé qui rappelle celui employé par le gang des Kachcha Baniyan, dont les membres ont été plusieurs fois identifiés comme étant des ressortissants des «tribus non répertoriées», tout en bas de l’échelle sociale indienne et que les Anglais considéraient comme des «criminels nés». Comme dans la saison 1, la brutalité des méthodes policières indiennes est mise en évidence, ainsi que les différences sociales. L’avantage de cette série, c’est qu’elle tord le cou aux clichés sur l’Inde. Mais au moyen d'une réalisation sobre à l'occidentale, ce qui doit plaire… aux Occidentaux et aux Indiens de la classe moyenne. Là où le livre L’équilibre du monde de Rohinton Mistry traitait magistralement d’une organisation sociale basée sur les castes, la série Delhi crime montre l’Inde des classes; elle le fait du point de vue de la bourgeoisie, ce qui lui donne un côté paternaliste, moralisateur et mélodramatique plutôt désagréable. Mais les acteurs sont bons, du moins d’un point de vue occidental.

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