Culture

Pour son 90ème numéro, l’excellent mensuel romand d’histoire et d’archéologie présente un dossier sur les femmes artistes en Suisse romande en 1900. «Faut-il qu’elles soient nues pour entrer au musée?», interroge − en s’inspirant d’un slogan de 1989 des Guerilla Girls newyorkaises − Chantal Lafontant Valloton dans son éditorial. Elle rappelle que la Société des peintres, sculpteurs et architectes suisses (SPSAS) a exclu les femmes de ses rangs jusqu’en 1972. «Partout, le récit de l’histoire de l’art s’est longtemps écrit au masculin.» Passé Simple présente plusieurs artistes romandes actives au tournant du XXème siècle, ce qui nous donne la chance de voir l’épatante aquarelle Mayens en Valais de Berthe Gay. Dans ce même numéro se trouve le récit d’une chasse à l’homme dans la Glâne, en été 1952. Louis Gavillet, clochard notoire, s’évade de la prison de Bellechasse dans le but de se venger du syndic du petit village de Bionnens. Un mort, une ferme incendiée et «dix jours d’excitation, de fantasmes et de rumeurs, de haine et de crédulité.» Jean Steinauer, qui fait le récit de ce fait divers, souligne que l’incendie criminel est, dans les campagnes de l’époque, un crime d’une grande gravité. Et aussi que «dans ces premières années de l’après-guerre, on cherche à se débarrasser des "vangles", chemineaux, trimardeurs et autres vagabonds. Cette population semi-errante, on s’efforce de la boucler pour la mettre au turbin dans les maisons et "colonies de travail" prévues à cet effet, comme celle de Bellechasse.»