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Chronique / Turpitudes sexuelles à l’évêché, mon anticléricale grand-mère et la nouvelle philosophie suisse


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La cathédrale de Fribourg peine à trouver un abbé chaste mais il ne faut pas pour autant confondre pédophilie et homosexualité. Elle a grandi dans un orphelinat, maltraitée, humiliée: les récits de ma grand-mère ont bercé mon enfance et formé ma conscience de classe. D’aphorisme en aphorisme, les autorités sanitaires de ce pays développent une école de pensées plutôt originale.



Mon Dieu, ne me soumets pas à la tentation de me moquer une fois de plus de Ton église. «Après avoir dû refuser une autre candidature – un abbé fribourgeois soupçonné d’abus sexuels, sous enquête de police, l’évêque Charles Morerod pensait avoir enfin trouvé la perle rare pour succéder à l’abbé Paul Frochaux (démissionné de son poste pour abus sexuels sur mineurs le mois dernier)…», relate L’illustré. Sauf que cette «perle» était très actif (peut-être aussi passif), et fort dévêtu, sur un site de rencontres gay. Par contre, il n’y avait pas de climat «homo-érotique» à Vevey lorsque l’abbé Frochaux y officiait et aurait harcelé sexuellement un autre prêtre, indique Cath.ch. Dieu m’a entendu, je ne vais pas me moquer. Le cumul de ces affaires a un effet pervers, celui de mélanger une fois de plus pédophilie et homosexualité. Soyons clairs: les prêtres coupables d’abus sexuels sont des criminels; ceux qui pratiquent l’homosexualité entre adultes consentants sont au pire des hypocrites.                 

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«C’est là qu’ils vivent: non pas ici et maintenant, mais là où tout est advenu»: cet extrait d’un poème de Philip Larkin est l’épigraphe du roman L’homme de Lewis de Peter May. Un roman policier où l’intrigue n’a qu’une importance secondaire. Le livre évoque la vie d’orphelins écossais dans les années cinquante. Ça m’a fait penser à ma grand-mère maternelle. Elle a grandi, au début du siècle passé, dans un orphelinat à Martigny, où elle a été martyrisée par les religieuses avant d’être placée comme bonne dans une riche famille valaisanne. Enceinte des œuvres du fils de la maison, un séminariste, elle a été chassée, envoyée se faire voir et accoucher ailleurs. Jusqu’à sa mort elle a refusé d’entrer dans une église et s’est méfiée avec colère des bourgeois. On le voit, les racines de mon aversion pour les religieux et les riches sont profondes.                  

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Grâce au coronavirus, la Suisse a enfin ses nouveaux philosophes. Des philosophes qui produisent des aphorismes d’une profondeur étonnante. Après le «agir aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire» du ministre de la santé Alain Berset, voilà que le chef de la cellule de crise à l’Office fédéral de la santé publique, Patrick Mathys, a observé, à propos de la pandémie: «La situation suisse est dangereusement stable.»  Ça se médite, non? Ce d’autant que le président de la task force scientifique Covid-19 vient de démissionner. «Il est important que la task force  soit à 100% indépendante», a-t-il déclaré au Temps, laissant supposer qu’elle ne l’était pas, soumise à des injonctions n’ayant rien à voir avec la santé. Ce qui devrait faire dire aux adeptes de la nouvelle école covidienne de la philosophie suisse: «C’est inquiétant de manière rassurante».            

Comme la migraine.

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