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Chronique

Chronique / Bêêêêêêê!!!

Michael Wyler

14 novembre 2017

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Va falloir retirer quelques centaines de millions de pièces de 5 francs de la circulation. Pourquoi? Parce qu'on y voit l'effigie de Guillaume Tell, héros légendaire de l'indépendance de la Suisse. Or, le Tell en question est un exemple de désobéissance, ce qui est loin d'être encore notre cas!

Alors qu'il avait refusé de saluer le chapeau de Hermann Gessler, le bailli impérial de Schwytz (vous connaissez la suite…), nous, ses descendants, ne cessons de saluer les chapeaux de celles et ceux qui nous régentent. Certes, nous sommes souvent des moutons indignés, voir intérieurement révoltés, mais moutons quand même...

Se révolter contre l'injustice? L'idée n'est pas nouvelle. Dans son Discours de la Servitude Volontaire (1549), La Boétie – qui avait 18 ans à l'époque - démontrait que le pouvoir d'un Etat repose entièrement sur la coopération de la population. Le jour où la population refuse d'obéir, l'Etat n'a plus de pouvoir. La désobéissance? Une résistance sans violence! D'accord, cela demande une prise de conscience générale et un certain courage, caractéristiques peu fréquentes de nos jours…

La désobéissance civile? C'est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique.

C'est aussi le thème d'un bel essai de Henry David Thoreau, publié en 1849. Mais savons-nous encore, ou plutôt osons-nous encore désobéir? Pas vraiment. Nous obéissons scrupuleusement aux dizaines de milliers d'articles de loi et règlements, fédéraux, cantonaux et communaux que pondent sans relâche des milliers de fonctionnaires et que votent religieusement parlementaires et municipaux, sans toujours comprendre ce qu'ils votent. C'est, notamment, ce qui permet à des lobbies qui défendent des intérêts privés de faire voter des lois favorables à leurs mandants.

Peut-être que comme les Romains naguère, nous avons été pacifiés par du pain et des jeux (entendez des fast-food, des smart phones et 200 chaînes de télévision). On ne vit pas trop mal en contentant de trimer, de se nourrir et se divertir et au diable les enjeux plus exigeants.

Quant à notre presse… elle ressemble toujours plus à celle que Beaumarchais décrit dans son Figaro: «Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place… je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs».

Depuis que nous sommes nés, nous obéissons. A nos parents, à nos enseignants, à nos employeurs, à notre médecin, à l'autorité. Pourquoi? Par respect, par peur, par imitation, pour obtenir une récompense, par confort, etc. Est-ce toujours justifié? J'en doute.

S'indigner dans son petit coin (ce que je fais en écrivant cette chronique…), c'est sympa. Mais creux. Les injustices sont nombreuses et il est temps de réapprendre à se révolter contre elles, quitte à désobéir. Je m'y mets dès aujourd'hui!


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