Lu ailleurs / L'OTAN a 75 ans et des défis devant elle
Le 4 avril 1949 naissait à Washington l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, alors composée de 12 membres. 20 autres pays sont venus l’élargir depuis. La presse européenne évoque les défis qui l’attendent et ses perspectives d’avenir, à l’heure où les cendres de la guerre froide se réchauffent.
La guerre froide pourrait pourtant changer de casting. Le quotidien allemand Die Welt désigne en effet la Chine comme un futur «grand sujet» pour l’OTAN. «Le pays se remilitarise de plus en plus et gagne en assurance», ce qui inquiète l’Ouest. Or Berlin «freine des quatre fers» déplore le quotidien. Si l’Allemagne et les autres membres de l’alliance nouent bien des partenariats avec des Etats du Pacifique, et conduisent des exercices militaires dans la zone, ce n’est pas à la hauteur de la «menace chinoise».
La nature de cette menace? Elle n’est pas directement militaire mais plutôt économique. «Si Pékin était en mesure de bloquer les voies commerciales dans la mer de Chine méridionale, la circulation des marchandises en Europe serait en péril».
Autre question qui n’était pas d’actualité il y a 75 ans: la contribution des Etats-Unis. Le Daily Telegraph regrette que l’Europe ne fasse aucun effort pour s’assurer que le plus grand contributeur de l’OTAN ne s’en détache pas. L’heure est grave, puisqu’on parle de «passer à la caisse». La menace qui plane sur l’avenir de l’organisation n’est pas seulement la perspective d’une réélection de Donald Trump et de la ligne isolationniste, c’est celle du mécontentement général des Etats-Unis qui «contribuent bien plus à la défense de l’Europe que le continent ne le fait lui-même... On aurait tort de penser que l’aide américaine coule de source.»
Les dissensions internes sont toujours un péril sous-estimé, comme le confirme le mensuel lituanien IQ. Au cœur de la discorde, le droit de veto. Ce dernier a rendu «complètement inefficace» l’ONU, constate IQ, car le risque est constant de s’en servir pour exercer pressions ou intrigues diplomatiques. «Démocratie, droit international et Etat de droit forment le socle de l'alliance la plus puissante au monde. Mais un certain nombre d'Etats oublieux de ces valeurs tentent depuis longtemps de placer leur intérêts mercantilistes au-dessus des décisions cruciales de l’OTAN.»
Cela revient à poser une question essentielle, dans toute organisation: qu’est-ce qui lie entre eux les Etats membres? Au-delà de la coopération militaire, ce sont des «valeurs», celles mêmes que les pays occidentaux s’emploient à défendre en ce moment en Ukraine. La députée Renaissance Anne Genetet plaide même pour la création d’un centre de l’OTAN chargé de défendre de concert les valeurs occidentales et la «résilience démocratique». Dans les colonnes de La Tribune, l’élue souligne que l’organisation «doit plus que jamais être notre bouclier face aux ennemis de la liberté».
Un avenir mitigé donc, porté par de beaux discours et une volonté de cohésion, entaché par des divergences internes, car tous les Etats membres ne voient pas toujours leurs intérêts converger. De manière plus pragmatique, le quotidien croate Večernji list remet l’église au centre du village: comment faire face à l’avenir lorsque manque la ressource principale, les soldats?
Le nombre de militaires actifs dans les différentes armées des pays membres est en effet en recul, jusqu’à atteindre un seuil inquiétant. Les solutions habituelles sont évoquées: augmenter les rémunérations, encourager les femmes à s’engager, améliorer les conditions de vie des soldats en proposant un meilleur équilibre entre l’armée et la vie de famille... et enfin, rétablir le service militaire obligatoire. On n’a rien sans rien.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
3 Commentaires
@willoft 05.04.2024 | 17h49
«Bah, c'est mon troisième courrier à la justice française qui se perd à ... Paris
Connards des jeux olympiques, faites le grand saut, au lieu de donner des leçons au monde»
@simone 06.04.2024 | 19h16
«Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'OTAN s'est considérée comme légitimée à, voire "obligée" de défendre l'Ukraine, vu que cette dernière n'est pas Partie au Traité. L'art. 5 du Traité ne dit pas que "toute menace contre les valeurs occidentales manifestée dans l'attaque armée d'un Etat européen par un Etat soumis à une dictature entraîne l'obligation des Parties de soutenir l'Etat attaqué même s'il n'est pas lui-même Partie". Il serait parfaitement normal que chacun des Etats membres de l'OTAN se sente libre de porter ou non secours à l'Ukraine ou de faire tous les efforts imaginables pour favoriser la fin des hostilités. Mais évidemment que cela devient difficile quand on a déclaré, au début de la guerre qu'il fallait "vaincre la Russie" au nom du "Bien".»
@stef 28.04.2024 | 18h02
«Ces centaines de milliards, pour sauver le dieu Dollar (car c'est bien de ça qu'il s'agit, dans le cas de faire perdurer cette guerre, qui aurait pu être arrêtée depuis longtemps), plutôt que d'utiliser ces ressources pour une cause bien plus urgente: l'effondrement de l'écosystème et du vivant !»