Média indocile – nouvelle formule

A vif

A vif / Une claque aux Romands… et au journalisme international


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Au moment où le Conseil fédéral tente de dissuader les cantons alémaniques d’abandonner l’apprentissage du français au primaire, ces Sages ignorants lancent un signal contraire. Il est prévu, dès 2027, de couper la modeste contribution fédérale de 4 millions à la chaîne internationale TV5Monde qui diffuse des programmes francophones, suisses notamment, tout autour de la planète.



Cette petite claque aux Romands est d’autant plus choquante qu’outre-Sarine, en revanche, la RTS travaille main dans la main avec les chaînes allemandes. La télévision suisse alémanique (SRF) entretient une collaboration étroite et de longue date avec les principales chaînes publiques allemandes, notamment ARD et ZDF, ainsi qu’avec l’ORF autrichienne. Ces coopérations couvrent de nombreux domaines, allant de la coproduction de programmes à l’échange de contenus et à la création de chaînes communes. SRF, ARD, ZDF et ORF ont récemment renforcé leur partenariat, concluant des accords pour des coproductions d’une valeur annuelle d’environ 150 millions d’euros. Ces collaborations incluent des fictions populaires (Tatort), des émissions de divertissement (Verstehen Sie Spass?, Klein gegen Gross), des films d’événements historiques et des productions culturelles. Les productions communes sont diffusées dans toute la sphère germanophone et incluent également des formats innovants destinés aux plateformes numériques. Un exemple emblématique de coopération est la chaîne culturelle 3sat, issue d’une collaboration entre ZDF, ARD, ORF et SRF. La télévision suisse alémanique contribue à hauteur de 10 % aux contenus de cette chaîne, notamment avec des programmes culturels et des prestations rédactionnelles, permettant une diffusion paneuropéenne en langue allemande.

Et le soft power francophone alors?

Et comment la RTS se fait-elle entendre au reste du monde, aux Suisses de l’étranger, aux amateurs de journalisme exigeant? Elle le fait en dix langues! Sur l’excellent site Swissinfo.ch qui compte une centaine de collaborateurs et d’excellents journalistes. On y trouve des enquêtes originales, des échanges d’opinions, des informations qui échappent à d’autres médias. Un travail journalistique discret, trop discret, qui force l’admiration. Pourtant, le Conseil fédéral et la RTS prépare son enterrement. Le crédit de 19 millions prévu pour cet outil international passera à la trappe avec la part de TV5Monde et celle de la plateforme Tvsvizzera.it.

Les géopoliticiens se gargarisent, non sans raison, de la notion de soft power. L’influence de chaque pays, au-delà de ses frontières, à travers l’information et le divertissement. Sur ce terrain, la Suisse a toujours été modeste. Pour rayonner, elle compte plus sur Federer que sur la RTS. Mais de là à renoncer quasiment à toute présence médiatique internationale, il fallait le faire! Bon, d’accord, en Allemagne, nous sommes omniprésents. Outre la SRF, la Weltwoche s’y sent comme chez elle. Et la NZZ est imprimée toutes les nuits à Berlin. 

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