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Culture

Culture / Il était une fois Madrid

Marie Céhère

10 novembre 2023

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«Réel Madrid», Mark Greene, Editions Plein Jour, 160 pages.



Mark Greene est né à Madrid, au début des années 1960. A l’époque, depuis les fenêtres de l’appartement familial, il a pu un jour apercevoir le cortège de Franco descendre une grande avenue. «On a autant de vies qu’on a connu de mondes. Les jeunes gens d’aujourd’hui n’auront qu’une seule vie, car ils habitent un monde illimité» écrit-il. Sous Franco, Madrid et l’Espagne sont un monde à part, avec ses étrangetés, ses possibles, ses impossibles. Dans ce roman, sans doute le plus personnel de l’auteur de Federica Ber et 45 tours, renaît un peu de la texture particulière de l’air dans une ville qui verra mourir un dictateur. L’arrivée d’une colonne de chars et les programmes télévisés interrompus, un policier en civil qui vous arrête pour avoir filmé le métro, une rue baptisée Carlos (Charles) Maurras, le stade du Real Madrid et son club de sport disparu, et la Movida, une gigantesque fête éphémère. Devenu écrivain, vivant entre Paris et Madrid, Mark Greene livre aussi un portrait aimant de ses parents, une Française aventureuse installée en Espagne et un photographe et reporter américain. Tout ce monde n’existe plus et il est difficile de rendre une atmosphère, des visages entrevus dans la rue et qu’on ne croisera plus. Il mêle les parties de tennis disputées avec son père aux derniers instants de Bing Crosby, des hasards trop improbables pour qu’ils soient inventés, et puis la (trop) grande histoire surgit à l’horizon, lors d’une visite au Valle de los Caidos. Il faut lire Réel Madrid comme on ouvre une boîte de photographies familiales, nous en avons tous une au fond de la mémoire. 

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