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Le magazine «L’Express» raconte l’étonnante histoire de Victor Manuel Rocha, ancien ambassadeur américain en Bolivie et diplomate chevronné, qui vient d’être arrêté pour espionnage... L’homme était en réalité depuis quarante ans au service de Cuba, et il serait loin d’être le seul.



Victor Manuel Rocha, 73 ans, se vante de posséder une «sacrée paire de c...». Durant 43 ans, il a œuvré au plus haut niveau des instances diplomatiques américaines, et servait aussi «el Commandante», Fidel Castro. Rocha a été arrêté début décembre par le FBI, qui a dû faire preuve de trésors de ruse et de patience, et il raconte désormais. Sa double activité aurait causé tant de dommages aux intérêts des Etats-Unis qu’il parle d’un «grand chelem». Le fait est que la longévité de sa couverture est un record. 

Ses anciens confrères, qui déclarent à L’Express n’avoir rien soupçonné, confirment: en Bolivie, où il fut ambassadeur, ainsi qu’en Argentine, où il occupait le poste de numéro 2 de l’ambassade américaine, Rocha a eu accès à de nombreuses informations «top secret» et a donc bel et bien pu causer de gros dégâts. 

Un exemple, et probablement le «coup de maître» de l’homme, né en Colombie et naturalisé américain en 1978, est son implication dans l’élection présidentielle bolivienne en 2002. Alors ambassadeur, il déclare que si le candidat Evo Morales, syndicaliste et socialiste assumé, est élu, les Etats-Unis retireront immédiatement leur aide économique à la Bolivie. Morales fait alors un bond dans les sondages, et sera finalement élu en 2005, Rocha ayant été son «meilleur directeur de campagne», a-t-il ironisé, ignorant alors que l’homme travaillait bel et bien en sous-main à son élection, dans l’intérêt de La Havane.

L’intellectuel bolivien Juan Claudio Lechin, connaisseur du régime cubain, décrypte: il s’agit là d’un levier psychologique, une stratégie affectionnée par l’administration Castro. L’arrogance américaine, personnifiée par le chantage de son ambassadeur, a mis en colère les électeurs boliviens, qui se sont tournés massivement, par esprit de fierté et de contradiction, vers Evo Morales.

D’autres spécialistes du renseignement abondent: à La Havane, les services secrets passent du temps à étudier les différents ressorts psychologiques des sociétés et des populations, dressent des portraits des individus qu’ils ciblent. Et l’Europe n’y échappe pas. Beaucoup d’agents s’y activeraient pour avancer les pions de l’antiaméricanisme cher à Cuba et au castrisme. Avantage certain: ces agents travaillent gratuitement, au service d'une idéologie qu'ils défendent personnellement. «La puissance des services cubains est généralement sous-estimée, explique Juan Claudio Lechin. Si leurs espions parviennent à gravir, patiemment, les échelons de la diplomatie américaine, où les procédures d'accréditation sont contraignantes, soyez certain qu'ils sont présents dans tous les gouvernements latino-américains, ainsi qu'au cœur de tous les mouvements d'opposition, y compris ceux d'extrême droite.» Leurs techniques et leur pugnacité surclasseraient les autres, et de loin, dans le domaine du renseignement. En Amérique latine, du moins, «la main invisible de La Havane est partout», conclut l’article.


Lire l'article original dans le numéro du 14 décembre de L'Express.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@marcello 16.12.2023 | 10h11

«Rien de nouveau dans cet article. Chaque pays a ses propres espions et réseaux de renseignements.
Les USA ont leurs espions aussi dans les pays "amis" et ce pays n'hésitait pas par ex. à espionner le tél de Mme Merkel.
Il serait plus intéressant de savoir pourquoi les USA font toujours un blocus sur Cuba, alors que tous les pays , sauf 3, demandent la levée du blocus.(vote ONU nov. 2023)»