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Culture / Une des mille collines


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«Une des mille collines», Bernard Bellefroid, disponible sur Arte.tv jusqu’au 8 mai 2024, 81 minutes.



Faire mémoire de l’un des drames majeurs de l’histoire de l’humanité. C’est la mission que s’est donnée le Belge Bernard Bellefroid, en toute humilité, pour pleurer les morts et avec les survivants du génocide rwandais. Une des mille collines, un documentaire sobre et poignant qui raconte le martyr de trois enfants dans un village, sur l’une des collines du Rwanda. En choisissant des histoires particulières, le réalisateur veut rejoindre l’universalité du drame en restant dans le témoignage, l’hommage et le concret. Pas de grandes thèses politiques, donc. Pas de déclarations du genre «on aurait dû», «il n’aurait pas fallu», «il aurait suffi». Le documentaire veut par là même redonner vie à ces trois frères et sœurs en enquêtant sur leur assassinat, d’une part, et en offrant par l’image un dessin du visage de chacun de ces trois enfants, d’autre part. Olivier, Fidéline et Fiacre, âgés respectivement de 10, 5 et 4 ans en 1994. Ils sont les fils d’un certain Fidèle, un serpent, comme on l’a considéré au village d’un jour à l’autre. Ces fils de serpent doivent être éliminés; qu’aucune trace n’en demeure. Ils fuiront, trouveront protection chez une proche, Marguerite, qui reste inconsolée 30 ans plus tard, mais finiront malgré tout par être abattus un jour de printemps 94 entre deux arbres. Le documentaire leur redonne vie le temps d’un récit: à jamais, il leur redonne un visage, une histoire. Pour ce faire, le réalisateur revient sur ses archives: images des procès populaires gacaca qui ont eu lieu en 2005, pour découvrir lentement et difficilement les temps, lieux et responsables des crimes. De la colline de ces trois enfants, le documentaire nous mène ensuite à une autre colline. On y rencontre Jean d’Amour, dont les enfants ont été tués, qui est filmé côte à côte avec leur bourreau. Les deux hommes sont désormais amis. Ils témoignent du chemin de croix atroce mais nécessaire qu’est le pardon. Le pardon n’est pas oubli, à entendre les cris et les pleurs de la mère des enfants tués. Ces cris percent l’écran et rejoignent le ciel. Si l’heure est à la construction de la paix au Rwanda, la justice et la mémoire ne sont pas à évacuer, car elles en sont les piliers. Un documentaire à voir absolument, pour faire mémoire, en pleurant, en combattant la haine, en trouvant la paix sur l’une des mille des collines et dans le cœur de chacun.

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